Résumé : Devenu superstar mondiale depuis The Resistance en 2009, Muse est aujourd'hui l'égal d'un Radiohead ou d'un Coldplay. Le trio de Teignmouth (Devon) a de plus toujours bénéficié du soutien quasi aveugle du public français depuis ses débuts avec Showbiz à la fin du siècle passé. Cet état de fait est principalement dû à deux facteurs, le charisme de Matthew Bellamy exprimé sur disque par sa voix déchirée, et une propension à produire un rock symphonique riche en émotions. Sentant venir le danger de la formule pré-machée avec un The Resistance en retrait artistiquement du fantastique Black Holes and Revelations, Muse a l'intelligence d'innover un minimum avec The 2nd Law. L'innovation ne vient pas du fatras sur les lois de la thermodynamique qui inspire le titre de l'album, ni de l'inclusion des battements du coeur du fils de Matthew Bellamy et Kate Hudson sur Follow Me . Elle vient plutôt de l'ouverture à des influences dubstep et plus largement electro, qui ont le mérite d'actualiser le rock somme toute classique pratiqué par Muse. Si le penchant du groupe pour le grandiose reste d'actualité (la suite finale constituée de The 2nd Law: Unsustainable et The 2nd Law: Isolated System ), il aère son propos avec Survival qui renvoie aux sautillements d'un Queen période I Want to Break Free . Ce single de commande pour les Jeux Olympiques de Londres met l'accent sur la faculté qu'a Muse de composer des mélodies pop habillées d'arrangements de rock héroïco-planant. Sublime pour les uns, boursouflé pour les autres, le style de Muse ne peut laisser indifférent. Surtout lorsque comme ici il se laisse aller à innover, comme sur le délicat Explorers souligné d'un piano discret et de cordes qui sonnent la charge d'une montée qui semble mener à une jouissance cérébrale. Panic Station qui utilise le dubstep comme aurait pu le faire un certain David Bowie, est un autre signe d'encouragement d'un album qui n'en manque pas malgré une certaine disparité d'ensemble. Muse prend des risques avec The 2nd Law. Au-delà de son succès programmé, c'est sans doute le principal enseignement de ce sixième album qui, s'il n'est pas le plus réussi du groupe, est certainement celui qui véhicule le plus d'espoir quant au devenir d'un trio qui pouvait jusqu'alors sembler surfait.